Une fois écrite l’œuvre échappe à son auteur Nicolas Heredia.
Le plus bel et intelligent flyer de tout le festival et ce n’est pas rien.
Une fois rien, c’est rien ; deux fois rien, ce n’est pas beaucoup, mais pour trois fois rien, on peut déjà s’acheter quelque chose, et pour pas cher disait Raymond Devos.
Un jour prochain les historiens du théâtre considèreront la Fondation du rien comme le manifeste d’une nouvelle reflexion sur la fonction et la fiction du spectacle au même titre que l’urinoir blanc de Duchamp le fut pour l’art.
Nicolas Heredia dynamite les fonctions du théâtre qui existaient depuis l’antiquité, inspiratrices, régulatrices, coercitives, anesthésiantes au service des pouvoirs en place.
Panem et Circus depuis la Rome de Juvenal, noyau des variations du spectacle depuis 2000 ans ne sont plus. La fonction n’est plus. Le roi est nu. La plèbe inventera désormais ses propres fictions et narrations. Elle bâtira son sens sur le non-sens. Elle échangera avec son voisin. La scène n’est plus. Le public est le spectacle. Et c’est déjà beaucoup.
Nicolas Heredia a sonné le glas de la fin de la servitude volontaire, de la fin de la scène et l’avènement de la liberté du public de vivre ses propres fictions.
Ayons le courage d’être libres.